Archives de catégorie : Blue Origin

Vers une ère des fusées sans carbone

[Courrendlin, Switz., July 25, 2021, rke. English below]
Épisode 1 | Coup de gueule spatial ! Suite à la polémique suscitée sur les réseaux sociaux et même dans les médias classiques à propos d’un tourisme spatial de milliardaires envahissants et de fusées pollueuses, je m’offusque du complotisme ambiant. Je veux placer les faits dans leur contexte… et pas ailleurs !
Premier épisode : la soi-disant pollution des fusées


Décollage de Blue Origin le 20 juillet 2021. Dans la course à l’espace, Jeff Bezos, accompagné de son frère, de Wally Funk, une aviatrice américaine de 82 ans, et d’un jeune néerlandais de 18 ans, s’est envolé mardi 20 juillet à bord du New Shepard qui a franchi 107 kilomètres d’altitude. À la sortie de la tuyère : de l’eau !
Blue Origin liftoff on July 20, 2021. In the space race, Jeff Bezos, accompanied by his brother, Wally Funk, an 82-year-old American aviatrix, and an 18-year-old Dutchman, took off on Tuesday, July 20, aboard the New Shepard, which reached an altitude of 107 kilometers.
At the exit of the nozzle: water!

Le carbone : infime
Le 95% des fusées décollent avec de l’oxygène et de l’hydrogène liquides. Les tuyères, d’où sort la fumée blanche au contact de l’air, crachent de l’eau (-182 degrés C. à -222 degrés C., LOx LH2). C’est le cas pour les ex-navettes spatiales américaines : 135 vols d’avril 1981 à juillet 2011, les fusées Falcon de SpaceX, Delta IV de la NASA (la grosse américaine), Blue Origin de Jeff Bezos, les célèbres lanceurs lunaires Saturn I à V (1967-1072), les Ariane, etc.
Certes, pour accroître la poussée, certains de ces engins spatiaux précités carburent avec de la poudre grâce des propulseurs d’appoint de la navette (SRB) : 16 % poudre, d’aluminium pulvérulent (carburant) ; 69,6 % perchlorate d’ammonium (comburant) ; 0,4 % poudre d’oxyde de fer (catalyseur) ; 12 % polybutadiène acrylonitrile (liant) et 2 % polyépoxydes. L’avion spatial de Virgin Galactin quant à lui, vole avec un moteur-fusée hybride (également appelé lithergol) qui brûle du protoxyde d’azote (liquide) et un dérivé du polybutadiène hydroxytéléchélique (solide).


Décollage d’une fusée Falcon 9 (Space Force’s GPS 3 SV05 du 17 juin 2021) qui passe le mur du son. À la sortie des 9 tuyères :
de l’eau très légèrement acidulée de méthane.
Liftoff of a Falcon 9 rocket (Space Force’s GPS 3 SV05 of June 17, 2021) which passes the sound barrier. At the exit of the 9 nozzles:
water very slightly acidulated with methane.
– Photo : SpaceX
  • Pour SpaceX, voir le commentaire de mon collègue Bruno Stanek :
    cliquez ici

De l’eau et de la poudre
Tout compte fait, il ne faut pas faire – dans le domaine de la fusée qui embarque un mélange de liquides refroidis et de poudre – d’amalgame avec l’aviation, qui utilise principalement du Kérosène. Les fusées, actuelles sont infiniment peu pollueuses et le seront de moins en moins grâce à de nouveaux propulseurs exempts d’éléments toxiques. Même si, jusque-là, le tourisme de masse se développe. (À lire dans une de mes prochaines News)
Je pourrais davantage m’inquiéter sur les feux d’artifices pyrotechniques (potassium, cuivre, baryum, sodium, calcium et métaux toxiques notamment, etc.) lancés par ci et là, rien que dans une fête nationale comme la nôtre en Suisse. Mais là, personne ne s’en offusque, ni aux Jeux olympiques ni ailleurs.

Mes prochains Posts :

  • Le pognon et les milliardaires
  • Le tourisme de masse dans l’espace
  • L’engorgement sur orbite…

Actuelles ou dans un avenir lointain, les fusées sont infiniment moins polluantes que les feux d’artifices pyrotechniques festifs de par le monde

A carbon-free rocket era (I)


Décollage de Virgin Galactic le 11 juillet 2021 à 8h40 (local), 15h40 (suisse) à 88 km d’altitude.
A la sortie de la tuyère : du liquide d’azote.
Virgin Galactic take-off on July 11, 2021 at 8:40 am (local).
At the exit of the nozzle: nitrogen liquid.

Photo : Virgin Galactic

[Courrendlin, Switzerland, July 25, 2021, rke]
Episode 1 | Space rage! Following the controversy on social networks and even in the mainstream media about space tourism by invading billionaires and polluting rockets, I take offense at the ambient conspiracy. I want to put the facts in their context… and not elsewhere!
First episode: the supposed pollution of rockets

Carbon: Tiny
Ninety-five percent of rockets take off with liquid oxygen and hydrogen. The nozzles, from which the white smoke comes out in contact with the air, spit water (-182 degrees C. to -222 degrees C., LOx LH2). This is the case for the former American space shuttles: 135 flights from April 1981 to July 2011, SpaceX’s Falcon rockets, NASA’s Delta IV (the big American one), Jeff Bezos’s Blue Origin, the famous Saturn I to V lunar launchers (1967-1072), the Ariane, etc.
To increase thrust, some of these spacecrafts are fueled with powdered propellants from the Shuttle Booster Boosters (SRB): 16% powdered aluminum (fuel); 69.6% ammonium perchlorate (oxidizer); 0.4% iron oxide powder (catalyst); 12% polybutadiene acrylonitrile (binder) and 2% polyepoxides. Virgin Galactic’s space plane, on the other hand, flies with a hybrid rocket engine (also called lithergol) that burns nitrous oxide (liquid) and a hydroxytelechelic polybutadiene derivative (solid).

  • For SpaceX, see the commentary of my colleague Bruno Stanek:
    click here

Réglage de mon appareil à photo à distance sur le pas de tir de Solar Orbiter ULA/Atlas V le 10 février 2020.
Setting up my remote camera on the Solar Orbiter ULA/Atlas V launch pad on February 10, 2020.

Water and powder
All in all, we should not confuse rockets – which carry a mixture of cooled liquids and powder – with aviation, which uses mainly kerosene. The current rockets are infinitely little polluting and will be less and less so thanks to new propellants free of toxic elements. Even if, until then, mass tourism is developing. (To be read in one of my next news)
I could be more worried about the pyrotechnic fireworks (potassium, copper, barium, sodium, calcium and toxic metals, etc.) launched here and there, just in a national holiday like ours in Switzerland. But no one takes offense to this, neither at the Olympic Games nor elsewhere.

Now or in the faraway future, rockets are infinitely less polluting than the festive fireworks around the world.

My Next Posts:

  • – Money and billionaires
  • – Mass tourism in space
  • – Congestion in orbit…

2020 : l’envol, entre pélicans et fusées habitées

Back to Switzerland from Cape Canaveral.

Retour de la tour de lancement de SLS de son pas de tir SLC-39B à sa halle d’assemblage VAB. Photo prise le 19 décembre 2019 lors de son roll-in avec, en fond, le pas de tir SLC-39A de SpaceX. – Photo : rke

En ce vendredi 27 décembre 2019, me voilà enfin de au bercail. Cette année écoulée, je totalise donc 4 press-trip aux USA où j’ai pu assister à 6 lancements. Voir ma liste : cliquez ici

L’envol de pélicans, photo que j’ai prise sur la plage du Canaveral National Seashore, une aire protégée américaine située sur les bords de l’océan Atlantique, en Floride. Créée le 3 janvier 1975, elle protège 233,35 km² dans les comtés de Brevard et Volusia. Grâce au centre spatial. Sinon, il y aurait des hôtels. – Photo : rke
The Gateway will serve as orbital outpost to support human and scientific exploration of the Moon. As a command and service modulein lunar orbit, the Gateway can be evolved to support longer duration lunar missions, and exploration farther into the solar system. American companies will regularly deliver supplies like oxygen, fuel and food to the Gateway for NASA. La passerelle servira d’avant-poste orbital pour appuyer l’exploration humaine et scientifique de la Lune. En tant que module de commande et de service en orbite lunaire, la passerelle peut être modifiée pour soutenir des missions lunaires de plus longue durée et l’exploration lointaine dans le système solaire. Des entreprises livreront régulièrement à ce Gateway des fournitures telles que de l’oxygène, du carburant et de la nourriture pour le compte de la NASA. – Image de synthèse : NASA

La décennie 20 est à nos portes, une étape importante dans le domaine spatial. D’abord avec le programme Artemis de reconquête de la Lune dont le calendrier de d’y poser un homme – et une femme – fin 2024 (exigé par Trump) est difficilement tenable, mais pas impossible. Dans les coulisses du centre spatial, on y croit. C’est en tous cas l’impression que j’en ai eu ce 19 décembre 2019 lors de la conférence de presse en plein air. Le test de l’étage principal de la fusée (Space Launch System SLS) n’est pas au programme avant 2021. Avec sa hauteur de 65 mètres, la première partie de cette fusée est le plus haut étage de que la NASA ait construit depuis les Saturn V des missions Apollo. Le SLS mesure (pour sa version habitable avec la capsule habitable Orion), 98 m alors que Saturn V mesurait 111 m. Cette grosse fusée reprend les mêmes principes que l’ex. programme lunaire Ares abandonné par la présidence Obama.

Entre Soyouz et Boeing

En revanche, cela devrait bouger davantage cette année du côté des vols habités avec la reprise des lancements de Cap Canaveral. Et non plus du Kazakhstan, après huit ans d’embarquement des astronautes américains dans des Soyouz russes par l’agence Roscosmos. D’une part, Boeing est un peu dans l’expectative pour savoir si sa capsule Starliner CST-100 est à relancer à vide, suite à sa mauvaise mise en orbite pour atteindre la Station spatiale internationale (ISS). Mais suite à son succès du retour sur terre – sur coussins d’air – il y a de fortes chances que United Launch Alliance (ULA) envisage quand même un lancement habité. Affaire à suivre ces prochaines semaines.
D’autre part, SpaceX doit aussi miser sur une année 2020 prudente, plutôt que trépidante, avant d’envoyer les astronautes de la NASA dans la capsule Dragon. Un autre essai, suite à celui avorté en mars 2019 (explosion), doit d’abord confirmer que l’engin spatial est sûr en cas de pépin pour qu’il puisse revenir sur Terre indépendamment de la fusée… si elle explose.

Conférence de presse en plein air peu avant la lancement de Starliner de Boeing, le 19 décembre 2019. Open-air press conference shortly before the launch of Boeing’s Starliner on 19 December 2019.
– Photo : rke

Starship : patience et rêve

Bref, l’année 2020 sera une année tremplin pour la reprise des vols habités. Mais, question de réalisme technique, stratégique et sécuritaire, je vois les missions humaines plutôt reprendre en 2021. Quoi qu’il en soit, c’est bien la décennie 20 qui promet d’être haletante avec les missions privées. D’abord SpaceX avec sa toute grosse fusée Starship de 118 m (!) de haut (ex. BFR, Big Falcon Rocket) mais qui encore besoin d’importants essais moteurs et structurels de son 1er étage (qui en comprend 2). D’ailleurs, les tests ont lieu depuis Boca Chica, au sud du Texas. Quant aux vols de touristes avec cette big fusée, je les vois plutôt vers la fin de cette décennie. Quant à la colonisation de la planète Mars, les écueils sont tellement grands, que l’objectif reste utopique. Mais, on peut rêver.

Virgin Galactic et Blue Origin

Back of the SLS launch tower from its SLC-39B launch pad to its VAB assembly building. Photograph taken on December 19, 2019 during its roll-in with the SpaceX SLC-39A launch pad in the background. . Photo : rke

Enfin, l’entreprise Virgin Galactic, discrète ses derniers temps, envisage des vols touristiques avec son avion parabolique aéroporté SpaceShipTwo, soit 8 personnes promises à 110 km d’altitude (mais réellement à 80 km) pour 5 minutes d’apesanteur. Donc pas de vol en orbite. Et encore Blue Origin. La société spatiale du patron d’Amazon Jeff Bezos a réalisé le mercredi 11 décembre 2019 son douzième vol d’essai de sa fusée pour touristes (18 m de haut). Le test s’est toutefois déroulé sans passager, repoussant sans doute à fin 2020 les premiers vols commerciaux, eux aussi paraboliques.

2020: take-off, between pelicans and manned rockets

On this Friday, December 27, 2019, I am finally back home in Switzerland. This past year, I’ve had 4 press-trips in the USA where I’ve been able to attend 6 launches. See my list : click here.

The flight of pelicans, a photo I took on the beach of the Canaveral National Seashore, an American protected area located on the shores of the Atlantic Ocean, in Florida. Created on January 3, 1975, it protects 233.35 km² in the counties of Brevard and Volusia. Thanks to the space center. Otherwise, there’d be hotels. – Photo: rke

The twenties are at our doorstep. It represents an important step in the space field. First with the Artemis program of reconquest of the Moon, whose schedule to land a man – and a woman – at the end of 2024 (required by Trump) is difficult to maintain, but not impossible. Behind the scenes at the space centre, people believe in it. At least that’s the impression I got on December 19, 2019 during the press conference in the open air (see photos). The test of the main stage of the rocket (Space Launch System SLS) is not scheduled before 2021. With its height of 213 feet, the first part of this rocket is the highest stage that NASA has built since the Saturn V for the Apollo missions. Let us recall that the SLS will measure (for its inhabitable version with the Orion habitable capsule), 322 feet whereas Saturn V measured 364 feet. This big rocket, which already dates from 2011, is based on the same principles as the former Ares lunar program, abandoned by the Obama presidency.

Between Soyuz and Boeing

La tour du pas de tir SLC-39B transportée par les quatre crawleurs.Regardez la grandeur de la 4×4, au milieu de l’image en bas. The tower of the SLC-39B launch pad carried by the four crawlers.look at the size of the 4×4, in the middle of the picture below. – Photo : rke

On the other hand, it should move more this year on the side of manned flights with the resumption of launches from Cape Canaveral. And no more Kazakhstan, after eight years of boarding American astronauts in Russian Soyuz by the Roscosmos agency. On the one hand, Boeing is a little expectant to know if its Starliner CST-100 capsule is to be re-launched empty, following its poor placing in orbit to reach the International Space Station (ISS). But following its successful return to earth – on air cushions – there is a good chance that the United Launch Alliance (ULA) will still consider a manned launch. To be continued in the coming weeks.
On the other hand, SpaceX must also bet on a cautious, rather than hectic, 2020 before sending NASA astronauts in the Dragon capsule. Another test, following the one aborted in March 2019 (explosion), must first confirm that the spacecraft is safe in case of a glitch so that it can return to Earth independently of the rocket… if it explodes.

Miami Airport : mon retour le 27 décembre 2019.

Starship: between being patient and dreaming

Back of the SLS launch tower from its SLC-39B launch pad to its VAB assembly building.
– Photo : rlke

n short, the year 2020 will be a springboard year for the resumption of human spaceflight. But, a matter of technical, strategic and security realism, I see human missions rather resume in 2021. In any case, the 1920s promise to be a breathtaking decade for private missions. First, SpaceX with its very big Starship rocket, 387 feet (!) high (e.g. BFR, Big Falcon Rocket) but which still needs important engine and structural tests of its first stage (which includes two stages). Moreover, the tests are taking place from Boca Chica, in South Texas. As for tourist flights with this big rocket, I see them rather towards the end of this decade. As for the colonization of the planet Mars, the pitfalls are so great, that the objective remains utopian. But we can dream.

Virgin Galactic & Blue Origin

Miami at night from my seat 34A in the Boeing 777 300-ER of Swiss International Airlines.
– Photo : rke
Landing at Zuriche on 28 December 2019. Duration of the flight: 8h15! From Miami to Zurich. – Photo : rke

Finally, the Virgin Galactic company, discreetly in its last days, is considering tourist flights with its parabolic airborne SpaceShipTwo, that is to say 8 people promised at an altitude of 68 miles (but really 50 miles) for 5 minutes of weightlessness. So no flight in orbit.
And again Blue Origin. The space company of Amazon boss Jeff Bezos realized on Wednesday, December 11, 2019 his twelfth test flight of his rocket for tourists (59 feet high). The test, however, took place without passengers, postponing the first commercial flights, also parabolic, until the end of 2020.