[Cape Canaveral, September 2, 2022, rke, English below] – Regardez mon défilé de photos captées sur le pas de tir 39B qui montre la météo au fil de 6 jours.
Les 6 jours d’Artemis. Six jours, c’est le temps qu’il a fallu à nos appareils pour rester posé tout autour de la fusée. Nous sommes quelque deux-cents photographes à avoir fixé nos objectifs en face d’Artemis sur divers points positionnement. Comme convenu, nous avons pu entamer les réglages nécessaires. Après la pluie, les orages passagers, nos appareils ont subi les affres de la météo. Dans l’attente de ce lancement, voici un panaché d’images successives, retirées de la carte mémoire de mon boîtier. Faites-les défiler et vous remarquerez l’évolution de la météo au fil des déclenchements. Quand je suis arrivé sur place, après ces 6jours, mon boîtier (Canon EOS 5DM3) a surchauffé et ne s’est plus rallumé, même avec des piles de rechanges. Le capteur est est « trigger » Miops qui réagit aux sons.
On attend avec impatience cette nouvelle tentative de décollage prévu ce samedi 3 septembre à 14h17 locale, 20h17 suisse.
Scroll through picturesque images from Artemis
[Cape Canaveral, September 2, 2022, rke] – Watch my scroll of photos captured on launch pad 39B that show the weather over the course of 6 days.
The 6 days of Artemis. Six days, that’s the time it took for our cameras to stay put all around the rocket. We are about two hundred photographers to have fixed our lenses in front of Artemis on various points. As agreed, we were able to start the necessary adjustments. After the rain, the passing storms, our cameras have suffered the torments of the weather.
While waiting for the launch, here is a mix of successive images, taken from the memory card of my camera. Scroll through them and you’ll notice the evolution of the weather as you go along. When I arrived on site, after these 6 days, my camera (Canon EOS 5DM3) overheated and did not turn on anymore, even with spare batteries. The sensor is “trigger” Miops which reacts to sounds.
We are looking forward to this new takeoff attempt scheduled for this Saturday, September 3rd at 2:17 p.m. local.
[Cape Canaveral, August 31, 2022, rke, English below] – En attendant notre retour sur le pas de tir pour réarmer nos objectifs, on piaffe d’impatience pour voir enfin s’envoler Artemis, samedi 3 septembre.
Émilie Martin & Philippe Henarejos.
L’annonce du report du lancement à samedi 3 septembre 2022 à 14h17 locale, 20h 17 suisse, nous a soulagés. D’une part parce qu’on a eu le temps de prendre un sacré coup de repos dont on avait fort besoin, d’autre part parce qu’on a pu se préparer encore mieux pour le lancement. On a aussi reçu de la NASA nos instructions pour aller soit, retirer nos appareils à photos sur le pas de tir pour ceux qui ne peuvent pas rester, soit pour y réaliser les ajustements nécessaires : changement de piles, contrôle de l’optique, stabilisation, etc. Je dois dire que je me réjouis de voir si tout mon équipement a tenu le coup après 6 jours sur place, soleil tapant ou averses en trombe. On doit se rendre sur place ce vendredi matin, un jour avant le lancement. Cela veut dire que je prolonge mon séjour d’une semaine, en raison des vols de retour, soit jusqu’au 9 septembre.
Un p’tit tour, pas autour de la tour, mais du VAB
En attendant, on en a profité pour entreprendre une balade en bus depuis le centre des visiteurs du Kennedy Space Center. J’ai profité de cette escapade pour faire un peu le guide du coin. En fait, je n’ai jamais compté, mais cela doit faire une centaine de fois que je me rends sur les lieux. Et là, ma foi, je ne m’en lasse jamais. Il était intéressant de voir, avant un lancement, ce que les visiteurs peuvent voir avec le bus. Il n’y a pas de long trajet comme rarement jusque sur le pas de tir de SpaceX. Le bus contourne le gros bâtiment des véhicules (VAB) et s’arrête un moment pour distinguer très nettement Artemis à travers les vitres. Mais suffisant pour réaliser des photos. Cela vaut quand même le coup de faire le tour qui mène au bâtiment de Saturn 5. Là où est couchée la célèbre fusée lunaire, la vraie.
Une autre est exposée à Houston et la dernière a été modifiée dans les années septante pour lancer le laboratoire Skylab, le 14 mai 1973. En fait, c’est le troisième étage de cette Saturne 5 qui avait été vidé pour y installer un coin d’habitation. De ces trois engins restants (Apollo 18, 19, 20), il fallait bien en utiliser un à bon escient.
Le plein d’énergie sur la Lune
Parmi mes collègues, j’ai la chance de pourvoir partager les moments cruciaux de ce décollage avec Philippe Henarejos, rédacteur en chef et Émilie Martin, éditorialiste de « Ciel & Espace ». Il s’agit d’un magazine bimestriel de l’Association française d’astronomie consacré aux sciences de l’Univers et de son exploration totale, édité par l’Association française d’astronomie. Cette revue va tellement explorer loin qu’elle a décidé de « faire le plein d’énergie sur la Lune », d’où sa présence à la NASA.
Émilie Martin à l’action pour photographier Atlantis.
« Ciel & Espace » in a bridge between the Earth and the Universe
[Cape Canaveral, August 31, 2022, rke] – While waiting for our return on the launching pad to reset our camera, we are impatient to see Artemis take off on Saturday, September 3rd.
Regardez, sur l’échelle, sur le réservoir orange. Un employé répare la fusée qui n’as pas décollé. Mais non ! Je plaisante, il s’agit du réservoir de la navette Atlantis qui a subi des dégâts ! Look, on the ladder, on the orange tank. An employee is repairing the rocket that didn’t take off. No, it didn’t! I’m just kidding, it’s the tank from the damaged shuttle Atlantis!
The announcement of the postponement of the launch to Saturday, September 3, 2022, at 2:17 p.m. local time, 8:17 p.m. Swiss time, has relieved us. On the one hand, because we had the time to take a big rest which we needed, on the other hand, because we could prepare ourselves even better for the launch. We also received our instructions from NASA to either take our cameras to the launch pad for those who can’t stay, or to make the necessary adjustments: changing batteries, checking the optics, stabilization, etc. I have to say I’m looking forward to seeing if all my equipment has held up after 6 days on the site, blazing sun or pouring rain. We must get there this Friday morning, one day before the launch. This means that I extend my stay of one week, because of the return flights, until September 9th.
A little tour, not around the tower, but around the VAB
In the meantime, we took the opportunity to take a bus ride from the Kennedy Space Center visitor center. I took advantage of this escapade to make a little the guide of the corner. In fact, I never counted, but that must make a hundred times that I go on the places. And there, my goodness, I never get tired of it. It was interesting to see, before a launch, what the visitors can see with the bus. There is no long ride like rarely to the SpaceX launch pad. The bus goes around the big vehicle building (VAB) and stops for a moment to see Artemis very clearly through the windows. But enough to take pictures. It is still worthwhile to take the tour that leads to the Saturn 5 building. Where the famous lunar rocket is lying, the real one.
Another one is exposed in Houston and the last one was modified in the seventies to launch the Skylab laboratory, on May 14, 1973. In fact, it is the third stage of this Saturn 5 that was emptied to install a living area. Of these three remaining spacecrafts (Apollo 18, 19, 20), it was necessary to use one of them well.
Full of Energy on the Moon
Among my colleagues, I have the chance to share the crucial moments of this takeoff with Philippe Henarejos, editor in chief and Émilie Martin, editorialist of “Ciel & Espace“. This is a bimonthly magazine dedicated to the sciences of the universe and its total exploration, published by the French Association of Astronomy. This magazine goes so far to explore that it has decided to “go to the Moon,” hence its presence at NASA.
[Cape Canaveral, August 30, 2022, rke, English below] – Comme l’astronaute européen Thomas Pesquet (photo) sur le parvis du site de lancement, j’attends, le regard perdu au loin, la date du décollage d’Artemis. Sera-t-elle vendredi 2 septembre ?
Au cas où vous auriez lu la précédente News de ce blog, vous remarquerez que j’étais vraiment énervé ! Il y avait de quoi. Le moment tant attendu de ce décollage, lundi 29 août 2022 à 8h33 (locale), 14h33 (suisse), nous a laissés perplexes. Les couacs. Tout d’abord, une fissure dans l’isolant en mousse – et non dans la structure du réservoir de l’étage central – a été repérée. Jusqu’ici rien de grave. Plus important, comme l’explique si bien le site reves-d-espace.com : « les moteurs RS-25 de l’étage principal sont conditionnés pour le décollage afin d’atteindre la bonne pression et la bonne température de fonctionnement avant leur allumage. Mais le moteur 3 ne s’est pas correctement mis à la bonne température. En cas d’allumage, cela pourrait entraîner une grosse défaillance (perte de puissance ou explosion du moteur ?).
Je dois revenir le 2 septembre, mais je n’ai pas envie
Ce report de lancement n’arrange pas mes affaires, mais me console un peu. D’abord, mon retour en Suisse est prévu ce vendredi 2 septembre, le même jour que la tentative de second lancement si elle a bien lieu vendredi. J’en doute, car, souvent lorsqu’un problème de moteur survient, les lancements sont décalés d’une semaine, voire davantage. Si c’est le 2 septembre, je devrai rentrer ou reporter mon retour en Suisse. Ma bourse commence à maigrir. De toute façon, je serai fixé ce mardi 30 août à 18h locale, 24h suisse.
Youppie, je dois retourner sur la base de lancement
Ce qui console : Je devrai retourner sur le site de lancement pour régler à nouveau mes objectifs au cas où ils auraient subi des dégâts dus à la pluie et changer éventuellement les piles. Nos appareils sont sur place depuis samedi 27 août et on ne connaît pas encore la date pour aller les recharger. En principe, ils devraient avoir tenu le coup, mais je m’inquiète d’autant plus que j’ai des doutes au sujet de mon boîtier. Ce sera une excellente occasion de contrôler, ce qui n’est pas le cas lorsqu’en lancement est réussi, vu qu’on ne retourne sur le site qu’après le lancement.
Thomas Pesquet à mes côtés
D’autre part, je suis quand même comblé de ce retard, car lors de la longue attente sur le parvis du centre spatial, en face de la fusée, tout proche de VAB (le très gros bâtiment d’assemblage de la grosse Artemis), l’astronaute Thomas Pesquet s’est tenu à mon côté, comme en témoigne la photo ci-dessus où je l’ai photographié lors du lever de soleil ce lundi 29 août 2022, à 6h47. Thomas Pesquet, le regard lointain, observe Artemis. Tout songeur, comme moi.
Cape Canaveral, August 30, 2022, rke] – Like Thomas Pesquet (photo) on the site, I am waiting for an Artemis launch date. Will it be Friday, September 2?
In case you have read the previous news of this blog, you will notice that I was really excited off! I had reason to be. The long-awaited moment of this takeoff, Monday, August 29, 2022, at 8:33 a.m. (local), 2:33 p.m. (Swiss), left us perplexed. The problems. First, a crack in the foam insulation – and not in the structure of the central stage tank – was spotted. So far, nothing serious. More importantly, as reves-d-espace.comexplains so well, “the RS-25 main stage engines are conditioned for liftoff to reach the right operating pressure and temperature before ignition. But Engine 3 didn’t get to the right temperature properly. If ignited, this could lead to a big failure (power loss or engine explosion?).
I need come back on September 2nd, but I don’t want to.
This postponement of the launch doesn’t help my business, but it consoles me a bit. First, my return to Switzerland is scheduled for this Friday, September 2, the same day as the second launch attempt if it takes place on Friday. I doubt it, because often when an engine problem occurs, launches are postponed by a week or more. If it’s September 2, I’ll have to return or postpone my return to Switzerland. My grant is getting smaller. Anyway, I’ll be fixed this Tuesday, August 30th at 6p.m. local time, 24 hours Swiss time.
Yuppie, I must go back to the launch site
What consoles: I will have to go back to the launch site to readjust my lenses in case they have been damaged by the rain and to change the batteries if necessary. Our cameras have been on site since Saturday, August 27 and we don’t yet know when we’ll be able to recharge them. In principle, they should have held the blow, but I worry more especially because I have doubts about my case. This will be an excellent opportunity to check up on it, which is not the case when a launch is successful, since we only return to the site after the launch.
Thomas Pesquet at My Side
On the other hand, I am still happy about this delay, because during the long wait on the space center square, in front of the rocket, very close to VAB (the very big assembly building of the big Artemis), the astronaut Thomas Pesquet stood by my side, as shown in the picture above where I photographed him during the sunrise this Monday, August 29, 2022, at 6:47 a.m. Thomas Pesquet, looking at Artemis from a distance. All pensive, like me.
[Cape Canaveral, August 29, 2022, rke, English below] – Artemis joue sur nos nerfs à cause d’une fuite d’hydrogène d’un bras de service en bas de l’étage central de la fusée.
On bosse quand même à fond !
L’ambiance devient fébrile dans cette salle de presse archi-comble. Au fur et à mesure que s’égrènent les secondes et les minutes, l’oxygène et l’hydrogène coulent dans les réservoirs. Une fois l’équipe de lancement détecte une fuite d’hydrogène dans la zone d’un bras de service à la base de l’étage central de la fusée Space Launch System (SLS). La cause ? Une alarme de surpression dans le réservoir. Une autre fois, les ingénieurs annoncent qu’ils reprennent le remplissage en mode rapide. Gros soulagement dans la salle. Et ça s’arrête de nouveau… puis ça repart.
Comme en avril
En fait, il s’agit de la même zone du mât de service où les équipes ont détecté des signes de fuite d’hydrogène en avril lors d’un compte à rebours d’entraînement. « Vous n’avez qu’à donner à lancer la fusée avec SpaceX », lance une journaliste dans la salle. Monstre éclat de rire de toutes et tous. En fait, on est sur les nerfs. À 3h20 du décollage, on doute toujours du lancement, mais c’est encore possible.
It’s leaking, it’s not leaking anymore, it’s irritating us
[Cape Canaveral, August 29, 2022, rke] – Artemis is playing on our nerves because of a hydrogen leak from a service arm at the bottom of the rocket’s central stage.
The atmosphere becomes feverish in this crowded press room. As the seconds and minutes tick by, oxygen and hydrogen flow into the tanks. Once the launch team detects a hydrogen leak in the area of a service arm at the base of the Space Launch System (SLS) rocket’s center stage. The cause? An overpressure alarm in the tank. Another time, engineers announce that they are resuming filling in fast mode. Big relief in the room. And it stops again… then it starts again.
Like in April
In fact, this is the same area of the service mast where crews detected signs of a hydrogen leak in April during a training countdown. “All you have to do is give the rocket a launch with SpaceX,” says a reporter in the room. A huge burst of laughter from everyone. In fact, we are on edge. At 3h20 of the takeoff, we still doubt the launch, but it is still possible.
[Cape Canaveral, August 29, 2022, rke, English below] – Des éclairs sporadiques menaçants et un retard de remplissage d’une heure font douter d’un décollage à l’heure prévue. Pas de panique, la fenêtre de lancement est de deux heures.
On est prêts.
Sept heures avant le lancement, vers 1h30, je viens d’arriver au centre de presse. Comme les places assises sont toutes occupées, déjà !, je m’installe sur une chaise de fortune dans un coin de la salle de presse. Le temps de sortir mon matériel photo, j’en profite pour réaliser une vue de nuit des alentours. Au loin, Artemis est tellement bien éclairée de ses projecteurs, qu’on la distingue avec netteté. Elle semble plus proche qu’elle ne l’est en réalité. Ce seul objet de convoitise nous rend fébriles. On piaffe d’impatience de voir ce lancement. Le climat est lourd, l’humidité me colle aux basquettes.
Quelques éclairs viennent semer le doute sur l’issue du compte à rebours. Il y a plus de 20 % de chances que la foudre frappe le Centre spatial Kennedy, dépassant ainsi l’une des contraintes météorologiques pour le remplissage. Il doit y avoir moins de 20 % de chance d’avoir des éclairs dans un rayon de 8 km autour de l’aire de lancement pour que le remplissage du réservoir de la fusée lunaire SLS puisse commencer. La crainte ne dure que quelques minutes : feu vert pour le remplissage.
La menace de foudre ayant diminué, la NASA a commencé à refroidir la ligne de transfert d’oxygène liquide sur la plateforme 39B. Cela conditionne thermiquement les systèmes au sol pour le chargement de l’oxydant cryogénique dans l’étage central de la fusée lunaire Artemis 1. Le compte à rebours vient de partir. Les orages menaçants s’estompent, notre moral remonte. Puis, silence. On écoute le commentateur de la NASA qui nous informe que l’opération de remplissage du réservoir a pris environ une heure de retard ce matin. Le lancement n’est donc pas forcément assuré pour ce lundi 29 août, 8h33 (locale), 14h33 (suisse). Mais la fébrilité reprend, on y croit !
Blues!
[Cape Canaveral, August 29, 2022, rke, Français below] – Sporadic lightning strikes and a one-hour delay in filling the spacecraft are putting a question mark over whether the launch will take place on time. Don’t panic, the launch window is two hours.
Seven hours before the launch, around 1:30 a.m., I just arrived at the press center. As the seats are all occupied, I settle on a makeshift chair in a corner of the press room. The time to take out my photographic equipment, I take advantage of it to make a night view of the surroundings. In the distance, Artemis is so well lit by its projectors that we distinguish it with clearness. It seems closer than it is in reality. This only object of covetousness makes us feverish. One piaffe of impatience to see this launching. The climate is heavy, the humidity sticks to me to the sneakers.
Some lightning comes to sow the doubt on the outcome of the countdown. There is more than a 20% chance that lightning will strike the Kennedy Space Center, exceeding one of the weather constraints for the fill. There must be less than a 20 percent chance of lightning within a five-mile radius of the launch pad for the SLS moon rocket’s tank filling to begin. The fear lasts only a few minutes: green light for filling.
With the lightning threat diminished, NASA began cooling the liquid oxygen transfer line on pad 39B. This thermally conditions the ground systems for loading the cryogenic oxidizer into the center stage of the Artemis 1 lunar rocket. The countdown has just begun. The threatening storms fade, our spirits rise. Then, silence. We listen to the NASA commentator who informs us that the tank filling operation was delayed by about an hour this morning. The launch is thus not necessarily assured for this Monday, August 29, 8:33 a.m. (local), 2:33 p.m. (Swiss). But the feverishness starts again, we believe in it!
With the threat of lightning diminished, NASA has started chilldown of the liquid oxygen transfer line at pad 39B. This thermally conditions the ground systems for loading of cryogenic oxidizer into the core stage of the Artemis 1 moon rocket.
La nuit est très humide et orageuse. Quelques éclaires viennent illuminer
[Cape Canaveral, August 28, 2022, rke, English below] – « Ambassadeur-rédacteur » des ingénieurs suisses sur le site d’Artemis de la NASA, je ne passe pas inaperçu. Cela me gêne un peu.
Photo taken by : Jacques van Oene.
Depuis quelques années, je couvre divers lancements (voir ma liste, cliquez ici) accrédité en tant que journaliste en mon nom propre, évidemment, mais aussi celui de l’association Swiss Engineering. Pour ceux qui ne la connaissent pas, surtout outre-Atlantique, il s’agit d’un regroupement d’ingénieur.e.s et d’architectes qui représente près du 10% des quelques 130’000 ingénieur.e.s de Suisse. Cette association, dont le président actuel est Giovanni Crupi, édite un magazine mensuel en allemand et en français, dont je suis rédacteur en chef romand depuis plus de 14 ans.
On doit batailler pour avoir une place assise
Après avoir visité ce dimanche 28 août l’Operations and Checkout Building (O&C), le Bâtiment des opérations et des contrôles (O&C) où sont installées les capsules Orion (dont je vous raconterai mon aventure avec Thomas Pesquet ultérieurement), me voici revenu dans le centre de presse névralgique du moment où grouille un monde fou. On doit presque batailler pour avoir une place assise. Pour ce décollage, toujours prévu ce lundi 29 août à 8h33 locale (14h33) suisse, j’ai dû partir à minuit, soit 8 heures avant pour être sûr de ne pas tomber dans des bouchons. Il faut dire qu’avec ma casquette vissée sur la tête au nom de Swiss Engineering, je ne passe pas inaperçu. Cela me gêne un peu, disais-je, car j’aime bien passer incognito, c’est plus simple.
Le double langage d’Artemis
Sur ce site tant convoité des médias, mes collègues européens ne manquent pas d’être présents. Tout d’abord, le magazine Ciel & Espace représenté par les attachant.es reporters Emilie Martin et Philippe Henarejos. Il y a aussi l’AFP, puis TF1 et d’autres. « Moi, je suis de France Télévision, me signale avec une pointe d’arrogance au fil d’une discussion le journaliste de cette chaîne »
« Et vous ? », me demande-t-il ?
Du magazine Swiss Engineering, comme c’est mentionné sur ma casquette
Ah, ça monte le niveau ! Vous pourriez quand même, en tant que Romand, prévoir de traduire en français le Presskit de la mission !
Du coup, je tombe des nues. Ce n’est quand même pas ma tâche de m’occuper de ce problème. Ma réponse est immédiate :
On est aux USA, tout est et reste en anglais !
Je me suis retenu de lui donner une réponse oralement, alors la voici par écrit : « Monsieur le journaliste de France Television, apprenez l’anglais ! »
S’il venait à lire ce blog, ce qui m’étonnerait, qu’il ne se vexe pas : je comprends nos chers voisins francophones qui veulent préserver leur langue. La nôtre, la mienne.
Artemis, elle, n’en a que faire. Elle part dans dix heures, à 8h33 (locale), 14h33 (suisse).
“Ambassador-editor” for Swiss engineers
Photo taken by : Jacques van Oene.
[Cape Canaveral, August 28, 2022, rke] – As “ambassador-editor” for Swiss engineers on NASA’s Artemis site, I don’t go unnoticed. This makes me a little uncomfortable.
For the past few years, I have been covering various launches (see my list, click here) accredited as a journalist on my own behalf, of course, but also on behalf of the Swiss Engineering Association. For those who don’t know it, especially on the other side of the Atlantic, it is a group of engineers and architects that represents about 10% of the 130’000 engineers in Switzerland. This association, whose current president is Giovanni Crupi, publishes a monthly magazine in German and French, of which I have been editor-in-chief in French-speaking Switzerland for over 14 years.
We Have to Fight to Get a Seat
After visiting the Operations and Checkout Building (O&C) on Sunday, August 28, where the Orion capsules are installed (I will tell you about my adventure with Thomas Pesquet later), I am back in the nerve center of the moment where a crazy crowd is swarming. We almost must fight to get a seat. For this takeoff, still planned for Monday, August 29 at 8:33 a.m. local time (2:33 p.m.), I had to leave at midnight, 8 hours before to be sure not to run into traffic. It must be said that with my cap screwed on my head with the name of Swiss Engineering, I don’t go unnoticed. This bothers me a little, as I like to be incognito, it’s easier.
The Double Language of Artemis
On this site so coveted by the media, my European colleagues are not missing. First, the magazineCiel & Espace represented by the endearing reporters Emilie Martin and Philippe Henarejos. There is also the AFP, then TF1 and others. “Me, I am from France Television, says to me with a point of arrogance during a discussion the journalist of this channel”.
“And you?” he asks me.
⁃ From Swiss Engineering magazines, as it says on my cap.
⁃ Ah, that raises the bar! You could still, as a French-speaking person, plan to translate the mission’s Press Kit into French!
So, I’m stunned. It’s not my job to deal with this problem. My answer is immediate:
⁃ This is the USA; everything is and remains in English!
I held back from giving him an oral response, so here it is in writing: “Mr. France Television reporter, learn English!”
If he were to read this blog, which would surprise me, don’t let him get offended: I understand our dear French-speaking neighbors who want to preserve their language. Ours, mine.
Artemis, on the other hand, doesn’t care. She leaves in ten hours, at 8:33 a.m. (local), 2:33 p.m. (Swiss).
[Cape Canaveral, August 27, 2022, rke, english below] – J’angoisse pour des soucis de réglages photos sur le site d’Artemis, mais je me réjouis de visiter, ce dimanche 28 août 2022, les antres du building où sont montées les futures capsules d’Orion… habitables.
J’installe ma caméra ici.
Quelque deux cents photographes avons le privilège de poser notre équipement photo autour d’Artemis, ce samedi 27 août 2022. Ce jour-là nous est réservé à l’extérieur du pas de tir, la pose de nos équipements photo.
À quelque deux cents mètres, La fusée est tellement imposante qu’on a presque l’impression de la toucher. Pour nous, la NASA avait prévu 4 sites, on n’en a eu droit qu’à 3, ce qui est déjà énorme. Je peux être heureux de pouvoir fixer un seul trépied sur l’un de ces endroits-là, mais quand je vois mes collègues américains débarquer avec quatre, voire 6 appareils photo sous les bras, il faut dire que je suis un peu jaloux. Résidents américains, ils peuvent aisément emmener tout le matériel dont ils ont envie, eux. Pas nous, qui venons d’outre-Atlantique, question de poids à transporter dans les airs. Il faut dire que je suis comblé d’être le seul Helvète en ce moment sur place, mais mon gros souci est de pouvoir réussir mes images, comme je l’avais fait en avril 2018 le lancement de CRS-14 avec l’expérience du CSEM.
L’image bloque
Malheureusement, par la suite, j’ai loupé mes photos lors de quatre autres lancements. Problème : mon boîtier se bloquait à chaque fois à la première image et je ne sais pas pourquoi, même avec des réglages identiques. Du coup, je me suis équipé cette fois avec un Canon 5D Mark 3, sachant que je prends des risques, puisque, si par malheur la fusée explose, mon appareil s’envolera avec et l’assurance ne couvre pas les dégâts, dans ce cas-là. Pour la petite histoire, nous fixons sur nos appareils (où l’on accroche le flash d’habitude) un petit boîtier, MIOPS, un trigger, plus précisément, qui permet de déclencher les images aux sons. Encore faut-il en régler la sensibilité correctement.
J’ai posé mon attirail sur le deuxième site (sur les trois prévus), comme on le voit sur la photo ci-contre. Je pense que mon choix est le bon. De toute façon, là ou ailleurs, l’important est de réussir les images.
Douche orageuse sur le site
Ce samedi 27 août après-midi, un surprenant orage est venu doucher le centre spatial, ce qui m’angoisse encore davantage. Je doute qu’avec un sac en plastique posé sur mon appareil photo suffira à retenir la pluie qui s’est abattue d’un coup sur le site. D’autant plus que mon trépied, malgré qu’il soit solide, est placé en hauteur, ce qui le déstabilise un peu. Cela m’angoisse. Je préfère ne m’as y penser. On verra lundi, après le décollage, si la fusée s’envole. Rendez-vous compte, on pose nos appareils, déjà deux jours avant le lancement : encore faut-il que les piles tiennent ! Mais ça, c’est valable pour tous-tes les photographes engagé.e.s sur place. Qui vivra verra, comme on dit. Alors, je vis.
Ce dimanche 28 août, la NASA nous invite à visiter le centre opérationnel d’Orion, la capsule conique d’Artemis II et III, avec son module de service européen ! Je vais oublier mes soucis de réglages photographiques.
Artemis shooting troubles
[Cape Canaveral, August 27, 2022, rke] – I’m worried about the Artemis site, but I’m looking forward to visit, this Sunday, August 28, 2022, the building where the future Orion capsules are assembled… habitable.
Some two hundred photographers have the privilege to put our photo equipment around Artemis, this Saturday, August 27, 2022. This day is reserved to us outside the launching pad, the pose of our photo equipment.
At about two hundred meters, the rocket is so imposing that we almost have the impression to touch it. For us, NASA had planned 4 sites, we were allowed only 3, which is already enormous. I can be happy to be able to fix a single tripod on one of these places, but when I see my American colleagues landing with four, even six cameras under their arms, I must say that I am a little jealous. American residents can easily bring all the equipment they want. Not us, who come from across the Atlantic, because of the weight to carry in the air. It must be said that I am fulfilled to be the only Swiss at this time on the site, but my big concern is to be able to succeed my images, as I had done in April 2018 the launch of CRS-14 with an experiment of the CSEM.
The Image Blocks
Unfortunately, after that, I missed my pictures on four other launches. Problem: my box blocked each time at the first image, and I don’t know why, even with identical settings. So, this time, I equipped myself with a Canon 5D Mark 3, knowing that I take risks, since, if by misfortune the rocket explodes, my camera will fly away with it and the insurance doesn’t cover the damage, in this case. For the record, we attach to our cameras (where we usually hang the flash) a small box, MIOPS, a trigger, to be precise, which allows us to trigger the images with sounds. But we still must set the sensitivity correctly.
I put my equipment on the second site (out of the three planned), as you can see on the picture opposite. I think my choice is the right one. In any case, there or elsewhere, the important thing is to get the images right.
Stormy Shower on the Site
This Saturday afternoon, August 27, a surprising thunderstorm came to shower the space center, which makes me even more anxious. I doubt that a plastic bag on my camera will be enough to hold back the rain that fell suddenly on the site. Especially since my tripod, although it is solid, is placed in height, which destabilizes it a little. This makes me anxious. I prefer not to think about it. We will see Monday, after the takeoff, if the rocket takes off. You can imagine, we already put our devices two days before the launch: the batteries still must hold! But this is valid for all the photographers hired on the site. Who will live will see. So, I live.
This Sunday, August 28, NASA invites us to visit the Orion operations center, the conical capsule of Artemis II and III, with its European service module! I’ll forget my worries about photographic settings.
Blog journalistique de Roland J.Keller – On-Site Reports With Swiss Feeling